INTERVIEW RÉALISÉ PAR PIERRE SIANKOWSKI POUR LES INROCKUPTIBLES ET A RETROUVER DANS LE MAGAZINE N°911
crédit photo : Basile Lemaire
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Ce n’est pas parce que Redouanne
Harjane fait quelques blagues sympas sur la pédophilie qu’il fallait
s’interdire d’aller passer un petit moment avec lui dans le parc pour enfants.
Aujourd’hui c’est férié et il a fallu – après avoir fait une photo avec deux
fans de l’intéressé – escalader les grilles pour pouvoir rentrer dans ce lieu
étrange : vide d’enfants donc, mais peuplé de petits ateliers chelous qui
semblent avoir été pensés par un type sous acide.
Redouanne Harjane, chapeau sur la
tête et veste sombre, avance lentement dans ce décor, une bouteille d’eau
gazeuse à la main. Depuis quelques jours, il a pris possession de la petite
salle du Théâtre Marigny où il poursuit un spectacle très personnel et
totalement hilarant. Dans la tête de Redouanne Harjane, c’est le nom du show,
est un moment d’une liberté épatante. Loin des stand-up calibrés et de leur
rythmes classique, Harjane traverse son texte avec une grâce incroyable,
debout, devant un piano, ou guitare à la main.
Plus jeune, il a fréquenté le lycée
expérimental de Saint-Nacaire, imaginé par Gaby
Cohn-Bendit, qui s’appuie sur des pédagogies alternatives. « J’ai
toujours été en conflit avec ce qu’on me disait être juste, ou la norme, ou
cohérent. Là-bas, on m’a appris à m’émanciper, à être indépendant. Quand j’ai
eu à écrire pour moi, je n’ai jamais eu besoin de me prendre pour un
autre. » Lorsqu’il rit ou lorsqu’il fait rire, Redouanne Harjane a ses
trucs à lui aussi, ses influences. Il cite Jamel (qui l’a intégré dans son Comedy Club), les Inconnus, mais aussi
et surtout « des types ou des nanas que personne ne connaît »
Avec sa dégaine de hobo, derrière sa guitare et son piano,
il évoque plus Springsteen ou Tom Waits que Gad Elmaleh. Ça tombe bien, il
adore ces mecs. Dans le calme du square, il raconte son parcours musical.
« Tom Waits, Loenard Cohen, du rap aussi pas mal. J’aime moins Bob Dylan.
En général, j’aime quand ça raconte des histoires. » Du « boss »
il cite d’abord Nebraska, sans doute l’un de ses plus beaux disques. Il évoque
aussi The Piano Has Been Drinking,
l’un des morceaux les plus touchants de Tom Waits. «Tom Waits dit que c’est son
piano qui a bu, pas lui. Moi c’est pareil, c’est jamais de ma faute. »
Redouanne Harjane se marre. Il vide un peu se boisson gazeuse, s’excuse de ne
pas être drôle à toutes les phrases – alors qu’il l’est pourtant. Sa voix
résonne dans le jardin d’enfants.
Le cinéma ? « J’ai joué
dans l’Ecume des jours de Michel Gondry, et là on me propose un autre truc.
Quand on me propose des rôles au cinéma, c’est comme si on m’invitait à une
fête. On m’invite, moi j’y vais. »
L’interview touche à sa fin. Il faut re-jumper
au dessus de la grille. Tout le monde s’exécute –juste au moment où le gardien
déboule : » vous savez que
vous n’avez pas le droit de faire ça ? », lance t-il .
Redouanne Harjane lui fait un sourire immense, Le gardien « Bon, ça va
pour cette fois. Mais c’est dangereux quand même, il y a un chien qui surveille
et il n’était pas attaché. » Harjane avale le fin de sa boisson pétillante
et dit : « Waow ».
> En BONUS, voici un Interview réalisé cette fois ci par les Inrocks.Tv, dans ce même jardin d'enfants...
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